21 août 2017
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C’est une nuit où brasillent les liturgies païennes, une nuit à tire d’ailes pour hiboux égarés, une nuit sans foi ni loi où l’oiseau de Minerve, fatigue la sagesse, réveille la déraison.
En maraude sur les gouttières de la nuit, les chats sont tous là.
Les errants à la croisée des songes, ils émergent de mondes mystérieux et fugaces, poils hérissés, compagnons des gitanes qui, en meutes déguenillées, se déhanchent sous leur futaine effilochée ; elles dansent, virevoltent au rythme endiablé de leur pied nerveux.
Les hiératiques, ceux des pharaons et déesses, sortis des tombeaux de l’éternité. Hautains, ils s’engloutissent dans le délire des ombres. Eros et Thanatos rôdent autour des racines du ciel.
Les fugueurs faméliques, en équilibre sur le faîte des toits, oreilles droites, impertinents, frondeurs, jongleurs de lune, vagabonds, prêts à griffer les mythes dans des soupirs d’étoiles.
Les compagnons des sorcières, diablesses au corps d’ébène, aux reins cambrés, venimeux de beauté. Ce sont les amis des devins et des nymphes aux chairs lisses qui jonglent avec les roues du silence : démente cohorte pour chambre de légendes. C’est là que Bosch tient conclave.
Les silencieux des cimetières. Dans les sangles du vent ils sont à l’affût des secrets enfouis. Pupilles dilatées, ils se tiennent à la lisière de l’imperceptible, entre angoisse et extase. Ils écoutent un gémir d’âme en recherche de corps.
Les débonnaires, bien tapis dans les confessionnaux et les secrets des couvents, ils dorment parmi surplis et péchés, encens et absolution.
Ceux des notaires et des poètes, bâillant entre testaments et pages blanches, chats aux regards sibyllins partageant les mystères des étoiles, des pluies, de l’Infini.
Nous sommes au-delà du rêve, cette nuit féline n’est qu’un gémir où s’étirent les illusions. Le jour hésite encore, peut-être suffit-il juste de le nommer, c’est ainsi que le monde émergea : par la Parole.
©Nicole Hardouin
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