8 juillet 2017
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Une étrange nouvelle s’ébruite, encore une amie sacrifiée sur l’autel de l’imbécillité. Les chants venant de la colline peu avant l’aube gouttent du glas des départs.
Ardemment hostile l’opprobre orne le quotidien. L’atteinte à la vie devient affaire banale dans un pays et l’honneur prend l’exil. Veillée amère de pleurs, de révolte, d’angoisse et de questionnement. Le temps n’a nulle intention d’apaiser notre douleur : une virginité et quelques vies envolées ce n’est que le commencement de la longue chaîne des tribulations.
Intellectuel, homme de la rue, amateur d’empoignade, fonctionnaire, gens de robe, enfant, vieillard, prostituée, prélat, politicien et maraudeur, l’assassinat est le fidèle partenaire ; il ne fait pas de quartier.
Nous visite un temps d’épreuve et de désamour. Le bonheur est en panne sèche dans le paysage de cette île où les oiseaux chantent dans les caféiers en fleurs.
Nos tambours ignorent-ils que nous n’avons plus la volonté du rire et vivons l’exil de l’insouciance ?
Aucun filtre magique ne pouvant sauver nos pas englués dans cette déchéance de l’âme. Nos parfums sont de haine et de sang versé sans aucune préférence ; dans ces voyages infâmes où l’on tue nos semblables.
Nos familles en deuil hurlent dans le fracas des désillusions et l’obscurité de l’incompréhension.
La résonnance de la fureur des tempêtes sur cette Haïti étriquée où l’on nous blesse, nous emprisonne nos joies et assassine nos valeurs.
Les crimes sont gratuits et l’offense téméraire.
Le rêve et le cauchemar se confondent dans le monde de la réalité et du sommeil. Se gangrène l’insouciance. Les prières ne montent plus et les oraisons effritent le champ de l’espoir. Le malheur trace sa route sur le rictus de déplaisir des larmes nouvelles.
L’écho charrie la mort quand rien ne fait plus plaisir. Dans cet univers où les jeunes n’ont que des objectifs incongrus au sein de multiples drames ; rien ne sera plus comme avant. Nos enfants héritent de nos cicatrices et de nos blâmes. L’adolescence trahie et l’innocence immolée sur l’autel de la délinquance vont-ils trouver audience salutaire à leurs stigmates indélébiles ?
La foule paillarde entend-elle le thrène de la vierge blessée quand toute ambulance est char de carnaval pour dépendants de la drogue et autres stupéfiants.
Nos enfants sont devenus les marionnettes sans défense sur la table des paris et des mises pour hors-la-loi. Qui sera le prochain crucifié au Golgotha de notre décadence.
Stries de boue, de bave et de blasphème servent de masques de carnaval à la foule grouillante d’avilissements et d’anathèmes. Les sous-hommes donnent le la au bal des déclassés.
Tous reprennent la même rengaine au festin des puants.
Qui aura le courage de crier notre humiliation et notre honte à la face d’une société blasée quand la réflexion et l’entraide ont pris la fuite devant l’égocentrisme et la bêtise.
Sur le drapeau le palmiste contemple d’un air chagrin la force tournant dos à l’union ? Où sont donc endormies les âmes vaillantes des dignes chevaliers défenseurs de l’honneur et de la dignité.
Les fils de nos enfants vont-ils trouver l’émollient qui apaise les rancoeurs et sauve la mise au futur pour que revienne le temps des folles amours d’antan et des nobles sentiments.
©Marie Alice Théard
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