13 juillet 2017
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Dans un cabanon niché au creux d’une combe, vit Ernest. C’est mon ami, un poète qui va toujours où son cœur le porte. Malgré ses rides et ses cheveux blancs, il ressemble à un enfant car au lieu d’ajouter des années à sa vie, il ajoute de la vie à ses années, il accumule les jeunesses successives. Ernest se promène toujours avec sa musette. Une fois, il m’a permis d’y jeter un coup d’œil. Alors, mon regard a plongé dans la caverne d’Ali Baba. J’y ai vu des ficelles arc-en-ciel, des boutons tout ronds comme des petits soleils, une grosse montre phosphorescente, un galet blanc poli par la mer, des coquillages colorés et chatoyants, j’y ai vu aussi un carnet de poésies, la clef des champs, une plume d’oie, un peu de lichen, du bois flotté sans oublier la clochette de Perlimpinpin pour réveiller les endormis qui ne voient jamais rien.
Et puis, Ernest a un de ces jardins : c’est l’exubérance, la folie, le délire ! Des fleurs de toutes les tailles, de toutes les couleurs s’épanouissent parmi les plantes grimpantes, les fougères, les graminées en touffes. Et j’aime son petit bois de roses trémières. Je m’y promène entre les hautes tiges, admirant la transparence des pétales, cueillant ici et là un conte, un poème, une chanson. Croyez-moi, le jardin d’Ernest c’est le jardin des délices, le jardin fou, le jardon de la poésie…
Un jour, il m’avoua qu’il perdait la mémoire et que son cerveau devait ressembler à un morceau de gruyère. Mais il ajouta, d’un air malicieux : « Dans les trous, j’ai semé toutes sortes de graines pour que mes méninges soient comme une prairie, visitées par les papillons, les oiseaux, les sauterelles, les petites grenouilles mais aussi par le soleil, la pluie, le vent et la neige. Oh je l’aime, cette prairie qui vit sa vie selon les saisons ».
Ernest, je me demande où vous trouvez de telles idées, peut-être dans le nid d’une pie, sur le diadème d’une fée, dans le bonnet d’un lutin ou sur la branche de l’arbre à histoires…
Oh mon ami, si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer ! Vous êtes un artiste, vous créez du bonheur autour de vous.
Si seulement vous pouviez changer notre terre en un jardin d’amour !
©Michèle Freud
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