10 mars 2017
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Océan, tu fais peur, océan insolent, tu montres tes dents
l'écume bave, la houle bleu marine roule sous le vent
De la côte, le mugissement des sirènes s'enfonce dans le noir
Baie des Trépassés, les marins jaunes trempés ont largué tout espoir.
Sur la terre, les coiffes dansent, le vent n'écoute pas leurs plaintes
Le Dieu des mers ignore fronts inquiets, mains jointes
Elles serrent leurs paniers effrangés, oscillent comme pendules
et lorgnent le petit point là-bas que les flots bousculent
Mais ce jeu de cache-cache ne fait pas rire les enfants
là-bas leurs pères luttent contre les vents
Dans le petit point il y a leurs maris
et la mer qui n'en a cure et qui rit.
Petit marin roux collé au tablier flottant
tu pries aussi, supplique les dieux méchants.
Tu maudis et le vent et la houle et la mer
et fixe le petit point noir où s'engloutit ton père.
Ce soir, devant le feu, le vieux fauteuil fatigué
garde la place du fier marin noyé.
Des chuchotements, des prières jusqu'au matiin
puis l'orage inconstant a pris un autre chemin
mais la mer a gardé les corps,
dans l'âtre un peu de braise encore.
La croix au-dessus de la cheminée
souffre encore d'avoir été palpée
et le gémissement des bouées dans la baie
salue les frondeurs qui osent s'y mesurer.
Le petit roux le sait, la mer ne sera pas sa tombe
sa mère le gardera dans son jupon, dans son ombre,
après le cimetière, on visitera sa future maison,
au bout de la rue, la conserverie de poissons.
©Claire Prendkis
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