4 mars 2017
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« Nous y sommes, à l’heure dite point de repentir »
Telle une bête aux abois, dans un va-et-vient incessant, il longe la baie vitrée. L’horloge rythme l’espace. Il s’arrête et contemple, au cercueil des heures, le manège du jeu éternel. Il respire puissamment, se retourne et, d’un geste vif, arrache le rideau.
Au-delà de la vitre, comme une gifle, un ciel immense, cerné de gris, se jette à lui. Des déferlantes cotonneuses, boursoufflées de nuit se coursent, luttent et s’entredévorent. C’est un ciel sans borne qui impose sa loi et qui vient impérieux se frotter au ventre de la terre. La lumière est encore incertaine, mais l’on devine, à perte de vue, la nappe fleurie d’une pâture, un verger noueux, aux arbres tordus, croulant sous la floraison et, sautant la clôture, la prairie enfin libre qui s’échappe vers l’horizon. Vaste mer verdoyante, elle vient s’échouer sur l’écueil sombre d’une forêt de grands arbres, ce remparts de lances aigües où s‘empale la nue.
Au plus loin de la nuit, dans la mouvance des cieux, tout va très vite. Les nuages rosissant accueillent en leur sein l’aube mûrissante. Au filtre des futaies, l’astre s’élève, vermeil. Des vagues successives de lueurs se déversent. Incendiant les lieux d’un flot rougeoyant, elles frappent, cramoisies, l’homme qui s’enflamme. Le soleil, couronne ses tempes d’or et de sang. Alors seulement, pour le veilleur perdu dans l’au-delà de lui-même, l’apaisement vient tel un baume, dans la lumière consolante.
©Béatrice Pailler
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