23 février 2017
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07:40
Le soleil disparaissait derrière la montagne. C’est n’était pas encore l’obscurité mais la nuit ne tarderait pas à se poser sur le hameau couché sur un piton rocheux.
Marie avait passé l’après-midi dans le flamboiement des couleurs d’automne. Sur le chemin du retour, elle hésita soudain à rentrer chez elle : une intuition fulgurante venait de la traverser. Elle pressentait qu’il allait se produire quelque chose d’exceptionnel, du jamais vu. Et elle attendit, toute excitée, au pied d’un vieux chêne. Brusquement, le ciel s’anima comme si, derrière la voûte céleste, un magicien allumait des lampes gigantesques. Et fait extraordinaire, de ces projecteurs géants, se mirent à jaillir des faisceaux de lumière bleue. Oui, la lumière était bleue, d’un ravissant bleu myosotis. Marie n’en revenait pas mais elle ne perdit pas de temps à se poser des questions sur ce phénomène incroyable, elle l’accueillait, avidement, de tout son être. Le cœur palpitant d’émotions, elle regarda ces draperies lumineuses qui se mouvaient avec légèreté. Elle était belle, la Marie, toute barbouillée de joie, d’émerveillement, de gratitude. Et malgré son grand âge, elle se mit à danser dans cette floraison d’aurores boréales, dans cette atmosphère immatérielle, cette ambiance de rêve et de douceur. Elle était Alice au pays des Merveilles. Elle se sentait euphorique comme si elle avait bu une coupe de Champagne, un vin vendangé par les anges dans les vignes célestes. Un vin vleu ! Lui revinrent alors en mémoire quelques vers d’un poème de Robert Desnos : « Une fourmi de dix huit mètres avec un chapeau sur la tête, ça n’existe pas, ça n’existe pas. Et pourquoi pas ? »
Malicieusement, avec ses propres mots, Marie à murmuré : « Un vin bleu qui tombe du ciel, avec un délicieux goût de miel, ça n’existe pas, ça n’existe pas. Mais ça peut exister, n’est-ce pas ? »
Et puis, ragaillardie, le dos bien droit, les jambes souples, elle prit le chemin de sa maison tandis que la lumière bleue disparaissait pour faire place à la nuit…
©Michèle Freud
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