13 janvier 2017
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Fanette a mis dans son sac à dos, du pain, du fromage, des fruits secs et une chanson à boire, à boire le vin clairet et requinquant de l’aventure, un vin qui pétille et fouette l’imagination, un vin suave et gouleyant qui vous fait dire : « C’est extraordinaire de se sentir vivre, de s’abandonner à la vie… » Et puis elle a chaussé ses gros souliers, elle a mis son vieux chapeau de paille et elle est sortie, le cœur en fête. Le soleil dansait sur une sonate de printemps, il dansait avec le vent, un vent ivre d’avoir goûté aux sucs des fleurs, un vent qui sentait bon le genêt, la menthe et la reine des prés, un vent qui avait le vin gai et sifflotait une rengaine.
Elle a suivi un sentier, tissé de feuilles, de mousse et de lichen. Le silence n’était rompu que par le chant des oiseaux et le clapotis d’un ruisseau où se goinfraient des libellules, tout près d’un minuscule marché de fleurs sauvages. Elle marchait lentement, prenait le temps d’écouter la fête secrète, de s’émerveiller d’un papillon aux couleurs vives, d’une écorce, d’une corolle. Toutes ces beautés entraient en elle pour la fleurir de l’intérieur. « S’émerveiller disait-elle, c’est se mettre en état de création, c’est revenir au premier matin du monde… »
Soudain, une cigogne noire surgit d’un buisson et d’un air guindé, demanda l’heure. La tête à peine tourneboulée par cette apparition insolite, elle répondit du tac au tac : « Il est l’heure de danser la passacaille ! »
« Alors, dansons, dit l’échassier ! »
La Fanette rayonnait, buvait à petites lampées le vin doux de l’instant présent et savourait l’ivresse des hauteurs du vivre…
©Michèle Freud
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