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17 novembre 2016 4 17 /11 /novembre /2016 08:16
Derrière la porte – Michèle Freud
 
 
 
 
 
Dans un vieux village, je pris plaisir à photographier quelques vieilles portes. Devant l’une d’elles, je m’attardais, sans savoir pourquoi. Était-ce parce qu’elle me semblait triste, abandonnée ? En vérité, son bois rugueux et presque épineux n’invitait guère à la caresse. Et pourtant, avec amitié, avec tendresse, je posai la main sur cette porte qui, depuis des années peut-être, n’attirait plus le regard. Par ce geste tout simple, j’ai senti sous mes doigts, des vibrations, comme si le bois revivait. Je me suis alors adossée contre lui, pour lui insuffler des forces vives. Mais que se passait-il ? Je me sentais tomber à la renverse : la porte était en train de s’ouvrir !
 
Vite je me redressais, me retournai : devant moi, un grand rideau d’herbes sèches, brillantes et dorées, paraissait sommeiller. Je fis quelques pas, bien hésitants, comme si je craignais de pénétrer dans un lieu interdit ou maudit. Aussitôt, la porte se referma derrière moi…
Tout de suite, je fus frappée par le silence, un silence qui était comme suspendu, endormi.
 
En un éclair, je réalisai, avec une joie frissonnante, que je me trouvais dans un domaine enchanté. A cette découverte insolite, des ondes douces et soyeuses se mirent à vibrer dans tout mon être. Après quelques minutes d’immobilité, je commençai de marcher à travers une végétation exubérante, délirante et j’arrivai à une charmille qui avait perdu toute sa beauté d’antan et n’offrait plus qu’une carcasse rouillée. Sous cette triste tonnelle, un vieux banc rongé par la mousse et les lichens, accueillait deux grosses têtes ébouriffées de dahlias. S’écrivit alors devant moi une touchante histoire d’amitié entre ces fleurs et ce vieux banc. J’étais si émue que je m’assis et je caressai les pétales flétris et le bois tout vermoulu. Aussitôt, comme par magie, j’entendis des murmures, des frôlements et des crissements, des froissements, des bourdonnements et des chants d’oiseaux heureux. Le jardin endormi se réveillait. Il avait suffit d’un regard, d’un geste, d’une caresse pour recréer la vie.
 
Le cœur plein d’enthousiasme, je m’efforçai de tracer un sentier à travers un enchevêtrement de lianes, jusqu’à un bassin rempli d’eau. Des bulles explosaient, glissaient, dansaient. C’était la fie dans tous ses éclats.
 
J’aurais voulu prolonger mon voyage dans le domaine enchanté, dans cet espace hors du temps. J’aurais voulu découvrir d’autres trésors, mais… des liens très forts me retenaient de l’autre côté du miroir.
 
Reviendrai-je dans ce lieu magique ? il ne tenait qu’à moi de pousser la porte encore une fois…
 
©Michèle Freud 

 
 
 
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