12 août 2016
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J'ai cette chance incroyable
de ne jamais ramasser que des mies de pain,
d'être un sujet à risque,
au mal de l'air
quand le verbe à l'envers
commence à prendre de l'altitude
et que la grammaire elle-même
est sur le point de perdre son latin.
Cette chance inespérée de croire
qu'il existe encore un espoir au delà de tout espoir,
autrement dit :
qu'il y aura toujours quelque chose après tout.
La chance de ne pas être un chercheur,
mais seulement un trouveur,
un tout petit grain de folie
emporté par le courant
que les éléments déchaînés s'amusent
à rendre encore plus muet qu'une carpe
et qui réapparaît de temps à autre ici-même,
transformé en poisson-clown,
puis de nouveau en homme.
Heureusement pas le plus chanceux,
mais pas non plus le moins nanti.
Juste un homme,
un vieux loup de mer lançant sa ligne
aussi loin qu'il le peut dans la chair des choses,
avec, pour seul appât,
cette espèce de prière adressée au présent
et déjà presque futur
de continuer à marcher en silence,
mais, surtout,
de bien garder son ombre d'avance
après être passé devant nous.
©Michel DUPREZ
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