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14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 06:43
La tempête – Michèle Freud
 
 
 
 
 
Un vieux marin sur une plage, observe d’un œil inquiet, les énormes nuages noirs, immobiles, lugubres, prêts à déverser une gigantesque cargaison d’eau. L’atmosphère est anormalement calme : tous les oiseaux ont disparu. Le vieil homme, buriné par les embruns, sait déchiffrer les signes du ciel : c’est pourquoi il ne s’attarde par sur le rivage. Soudain ces outres géantes crèvent et larguent brutalement sur le paysage, une eau lourde qui tombe en cascade et frappe violemment tout ce qu’elle touche. Quel assourdissant bruit de tambour et quel déluge ! La passerelle, près du quai, en un clin d’œil, est engloutie comme si elle était aspirée par un démon maléfique.
 
Et voilà le vent qui fait brusquement son apparition. D’emblée, on le reconnaît : c’est le vent du malheur et de la violence. Ce n’est pas le bon petit vent bien élevé qui caresse, murmure des histoires, qui joue avec les feuilles, siffle des airs de musique. Aujourd’hui, il est très en colère et il rugit, gronde, vocifère, piétine, saccage en toute liberté : des arbres s’envolent tels de grands oiseaux blessés, des débris hétéroclites et de sable enlacés tournent inlassablement dans une valse à mille temps endiablée. Des baraques volent en éclats, une barque se fracasse contre un rocher. La mer farouchement pétrie, se gonfle, se convulse, hurle de douleur et projette son écume en gigantesques tourbillons blancs : étrange feu d’artifice !
 
Le vent est devenu fou. Mais qui pourrait l’arrêter pour lui faire prendre une bonne dose de poudre d’escampette ? Il n’est pas sot, le vent, il a plus d’un tour dans son sac.
Heureusement, ivre de fatigue, le vent, tout à coup, s’affale. Qu’il prenne son temps pour cuver sa folie…
 
Lentement, les flots s’apaisent et s’assoupissent. Le calme revenu étend ses ailes sur la terre meurtrie qui, petit à petit, reprend son souffle. Telle une fleur la Vie déplisse ses pétales froissés. Dans un ciel fraîchement lessivé, le soleil montre une tête ébouriffée. Sur le pont de l’arc-en-ciel, une mouette s’est posée. Indicible féerie !
 
©Michèle Freud
 

 
 
 
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  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
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