15 décembre 2015
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Ode « Voyage en cosmogonie » aux éditions – EUR – (Edizioni Universitarie Romane)
Traduction professeur Mario Selvaggio. Illustrations Franco Cossutta. Préface Michel Bénard. Format 15x21.
C’est un nouveau périple en poésie auquel nous convie notre amie, Ode qui prend sa source dans celle du Saint-Laurent, pour devenir un hommage et sage dialogue. Poète et éléments.
Au cours de ce long voyage fluvial le ton sera donné, le mot clé repose sur un écho au reflet de l’amour cosmogonique. Donc universel !
L’eau du fleuve se fera l’objet d’une quête poétique initiatique où le rythme du langage s’écoule avec régularité dans un parfait enchainement.
Sur la voie de la connaissance la poète (1) va se dépouiller et mettre sa parole à nue.
Véritable parcours saupoudré d’un certain ésotérisme où le Verbe se mêle aux eaux mémorielles du fleuve.
« J’irai seule là où tu me guideras
Dans les Ombres même du Secret… »
Comme dans une ancienne formule alchimique nous côtoyons le feu solaire, l’air du grand vide du ciel, la terre comme élément germinal et l’eau lustrale qui se partage entre le fleuve et la mer dans un embrassement céleste.
Les voies sont parfois incertaines pour nous conduire dans l’entre deux d’une quête d’Amour et l’amer constat de son contraire le désamour, tout en sachant que :
« …/…ce n’est que l’Amour
qui est Lumière…/… »
Nous constatons parfois que la voix de la poète, au-delà de l’aspect initiatique, se fait prophétique, la vision se projette par delà le temps, pour observer déjà le profilement d’un froid glacial envahir des peuples sans humanité, sans état d’âme. Serait-ce le prélude d’un retour vers l’obscurantisme ou autre fétichisme ?
Cette poésie est symboliquement si dense, que je me sens quelque peu désemparé pour l’évoquer comme il se devrait, auquel cas il serait nécessaire d’en souligner tous les aspects, toutes les formules et paraboles.
Ode, observe la terre comme un simple grain de sable dans le grand Tout, comme une grande Cathédrale dans un ciel de milliards d’étoiles.
« Je suis née de l’union
d’une Etoile
tombée dans le Grand Fleuve…/… »
Oui, que sommes nous dans cette éternité infinie ?
L’homme principal ennemi de lui-même, ne pourrait-il pas retrouver le chemin du bon sens et de l’humanité ?
La question demeure en suspend ! Est-ce la poète qui a choisi le fleuve ou le fleuve qui confie son message codé à cette dernière ? Il faut voir ici le défi de la poésie comme semence d’espoir.
« …/… la Semence de l’Espoir
tu la trouveras
dans la poussière d’Etoiles… »
En un mot il s’agit ici d’une remarquable réflexion sur la signification de la vie, de ses possibles perspectives, la femme en est beaucoup plus proche et sensible car elle en est la matrice.
En ce passage initiatique la poète se confond à la terre matricielle, à l’univers géniteur. Notre poète se fait l’archéologue des secrets de la mémoire en soulignant la condition humaine à l’échelle cosmique.
Y verrait-elle la couleur des mots venus des galaxies et des constellations ?
Le temps n’existe plus, il n’y a pas d’hier, pas de demain, passé, présent, futur ne font qu’Un. La poète ici s’affranchit des attaches, des pesanteurs, elle est l’univers, nous sommes éternels.
Tout bouillonne, tout fusionne en elle, conscience est prise de la dramaturgie du grand mensonge des religions, des effroyables déviances, des écritures apocryphes conduisant à la soumission, à l’allégeance aveugle, à l’ignorance et perte d’identité allant jusqu’à faire subir les plus infantiles superstitions, les dominations patriarcales, les menaces les plus terrifiantes aux noms de « dieux » imaginaires, inventés par les hommes avec pour référant ce besoin de forces supérieures afin de mieux manipuler, aliéner, les masses naïves et crédules.
Ne fût-il pas dit et redit que les religions étaient l’opium du peuple !
« Pourquoi l’Homme s’est-il inventé
des religions…/… »
Pour le faire sombrer dans une sorte d’esclavage des dogmes et des traditions archaïques et religieuses transgressives.
Fadaises, oui sans doute, mais au prix de quels dangers ?
« …/…car ces dieux ne sont pas Amour
mais prétextes à la Haine…/… »
Les lois ethniques, tribales, sociétales, autant de barrières et cloisonnements n’ayant de raisons que d’entretenir le plus souvent l’ignorance.
La poète, ne rêve que de la révélation de la lumière, de la vérité globale et universelle purifiée de tous ses ersatz.
Mais au plus profond de la désillusion, il faut croire encore en la renaissance de l’espérance.
Clé essentielle de ce recueil, prendre conscience de l’état des lieux et creuser les fondations d’un autre monde érigé sur une véritable justice, sur l’équité, le partage, la connaissance, la concorde, le respect et la libre Liberté raisonnée. Petit clin d’œil à Rimbaud !
« La dimension de l’Homme est d’ordre cosmique »
Puisse, notre poète architecte construire la maison de l’Homme, et non pas le temple des « dieux » de chiffons, au fil du cours des transparences pacifiantes et des sagesses miroitantes du Saint Laurent.
« Je garde Espoir
à la rencontre des Mondes
…Je vais vers eux… »
©Michel Bénard.
Lauréat de l’Académie française
(1) « La poète » en accord avec l’auteure.