1 novembre 2015
7
01
/11
/novembre
/2015
07:46
Au seuil des forêts sanctuaires, le jour s’épuise, le silence s’essouffle. Dessous les frondaisons, les sentes disparaissent. Ne laissant qu’une trace infime sur l’herbe émue, elles se perdent dans la touffeur opaque d’un cœur vert de nuit ; labyrinthe où la multitude sans remords s’adonne à la vie. Ici, sous la vague végétale, la lumière, au tamis de l’ombre, s’ensorcelle d’émeraude profond. Le chemin s’enlumine de lueurs, rehauts d’or au crayonné des grisailles.
Tours et détours, le lacis se trouble et entre hier et jadis, le voyageur s’égare. Ici, la lumière croise le fer et l’ombre se fend de l’éclat mat et vieilli des anciennes ferrures. Une grille à la beauté lasse, fanée sous son hâle d’automne, s’alanguit sous le feuillage. Le lierre tend ses filets et au fil suspendu, l’araignée fileuse piège le temps.
Litanie d’ambre et de fer, la grille en robe de rouille médite, les arcs sourcilleux s’emperlent de scories. Ici, au pilori de la porte, un ange silencieux s’ensommeille, ses rondeurs enfantines mordues de lèpre rouge. Sous ses paupières muettes, filigranées de vermeil, ses yeux se terrent et sur ses lèvres aveugles, cousues de miel, les mots se taisent. Scellé à la grille dévote, il ne sait du monde que le chemin de pierres aux stèles couchées. À jamais lié à la porte morte, son rêve chuchote l’inaudible secret.
…Pars sans regret, quittes ce paradis révolu où la vie et la mort se disputent et viens en mon jardin d’absolu, boire à ses sources de vérité, vivre l’éternité…
©Béatrice Pailler
Mention spéciale du jury en 2015 au concours international de poésie du Salon Orange
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits