14 octobre 2015
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- Anamnèse - de Claude Bardinet. Editions Librairie-Galerie Racine – Paris – (54 pages)
« Entre l’Anamnèse, la sérendipité et le doute la poésie construit son nid. » MB.
Allez, encore un pas, osez, ça y est vous êtes au seuil des arcanes poïétiques de Claude Bardinet. Entrez !
Les dés sont jetés et jamais ils n’aboliront le hasard.
Il n’y a d’ailleurs pas de hasard, mais phénomène de convergence si « Anamnèse » se présente à vous sous le sceau de l’hermétisme pondéré, mais désiré !
Claude Bardinet répand ses mots, ses bribes verbales, ses signes ludiques ou symboliques sur le pupitre de son scriptorium. Où peu à peu en bon compagnon ébéniste du verbe, il compose sa marqueterie poétique.
Notre poète joue avec les lettres, les expressions, les métaphores, afin de mieux se risquer à l’imprévu des jeux de mots, il compose ses textes comme il réalise ses graphismes en ne laissant apparaître que juste l’essentiel d’un trait. Sorte de minimalisme.
Il laisse ici et là des clés, à vous d’en trouver les bonnes serrures.
A ce jeu la poésie a pris un peu de distance pour laisser place aux effets troublions, elle s’est mise en retrait, parfois même jusqu’à la déliquescence, afin de mieux nous surprendre et se ressaisir.
A l’angle du labyrinthe quelques fleurs délicates percent de-ci de-là, dispensant lumière et couleur en touches de bonheur et d’amour.
Ce ne saurait nous déplaire, il arrive à Claude Bardinet de se faire un tantinet coquin en jouant avec : « Des beaux nichons…/… » Pardon de jolis seins !
Il arrive que le texte soit volontairement destructeur, comme pour mieux provoquer. Sous une couverture de fantaisies se cache un iconoclaste.
« En Poète iconoclaste
Je dévoile mon arsenal…/… »
Voilà ! Le mot est lâché, Claude Bardinet revêt sa tenue de poète provocateur et iconoclaste.
Si l’idée veut dominer, la poésie est à ses pieds.
Peut-être Léo Ferré aurait-il trouvé son compte, lorsqu’à juste titre notre poète se veut quelque peu anarchiste. A quoi, à qui peut-on encore croire face à cette effroyable corruption, à cette inacceptable falsification d’une société humaine exsangue, à bout de souffle.
« L’Europe dissoute en clearstream
Nos institutions c’est d’la frime…/..
Claude Bardinet se veut lucide sur l’absurdité de ce monde et particulièrement de ceux qui sont censés le gouverner, mais contre vents et marées il demeure optimiste.
Ce cap de Bonne Esperance passé ou surpassé, les textes d’ « Anamnèse » se mettent en réflexion, ils philosophent même, pour le plus grand bonheur d’Erasme ce chantre de la folie ordinaire.
Sans être dans l’éloge, nous sommes cependant dans l’interrogation de la démence de toute une société contaminée par le virus hypertrophié de la pandémie spéculative libérale.
Claude Bardinet voudrait-il se rendre obscur, impénétrable ou presque afin de mieux provoquer, voire de faire se retrancher son lecteur dans le questionnement.
Pour conclusion, ici je vous laisserai suspendus dans la réflexion.
« Naitra un monde en perdition
…………………………………
Tous nos calculs sont artifices
Ephémères sont nos bénéfices. »
« L’art survit à tout
Même aux fossoyeurs
Nos rêves les plus fous
Survivrons ailleurs. »
Si nous nous référons à notre poète tous les espoirs sont permis.
Michel Bénard.
Lauréat de l’Académie française.
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.