24 juillet 2015
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Autrefois, le feu rongeait l'absurde corde,
Le feu n'avait que faire de nos désirs.
Le feu détruisait, peu à peu, de ses mains
La tour où dormaient tous nos projets d'enfance.
Le feu secouait sa crinière en sautant
Par-dessus les étangs gelés de la terre.
Le feu jouait à l'eau de pluie tous les soirs.
Le feu priait comme un feu, seul, peut prier
Dans l'immobilité blessée de l'aurore.
Le feu s'enfonçait dans l'épaisseur des murs,
À la recherche d'une ombre sans légende.
Le feu galopait dans les rues en riant.
Le feu s'amusait à souder les contraires,
À couper l'espoir en deux parties égales.
Il savait qu'il n'était rien de plus qu'un feu
À diviser l'ennui de nos fulgurances,
Qu'il était seul à faire feu dans la nuit,
De tout son corps ébloui par la lumière.
©Michel Duprez
(« Langagements d'Orphée », Chambelland Editeur, Paris, 1978)
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