12 juin 2015
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Allez-y piano, je vous en prie,
supplia celui qu'on avait coutume d'appeler
« le musicien ».
Et il reprit de plus belle :
« Figurez-vous que je rêve d'un monde
où n'importe lequel d'entre nous serait en mesure
d'apporter la preuve irréfutable
qu'on peut faire plein de choses avec des si.
Je rêve d'un monde où la voix de nos instruments favoris
raisonnerait plus vite que la raison elle-même
et où l'interprète ayant tout simplement choisi
de laisser carte blanche à ses cordes vocales
ait aussi le chant libre autant que fois qu'il le désire.
Je rêve d'un monde où l'oiseau que nous serions devenu
pourrait s'envoler avec le la sur le dos
et dont la façon qu'il aurait de rendre hommage
aux premières lueurs de l'aube serait telle
qu'il deviendrait impossible
de ne pas l'adorer.
Je rêve d'un monde
où nous travaillerions tous de concert
après avoir pris la peine et, surtout, eu le courage,
d'accorder nos violons ».
Malheureusement pour lui,
lorsqu'il s'avéra qu'il ne possédait en réalité
que le don de jongler avec ses propres paroles,
on l'exécuta tambour battant,
à coups de cymbale et d'arche,
laissant le monde aussitôt sans voix
face au ciel à ce point chagriné
qu'il se mit à pleuvoir des cordes de guitare,
et ce jusqu'à la fin des temps.
©Michel Duprez
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