7 mars 2015
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J’ai rêvé d’une pluie d’obus tombant à minuit rouge.
Ici, à jamais, le vent du désastre courtise la lune gibbeuse.
Et tout au fond de nous hurle la mitraille, aux éclats noirs,
Comme un orage lapidaire sur nos visages d’enfant, bleu de froid.
Dès que je vois l’image de mon père courage, aux pieds boueux,
Je me vois, moi, à terre, vomissant le vin âcre.
Et je me souviens de cette grasse et belle fumée si légère
Et j’oublierai tout et ma lourde capote et les chansons mièvres.
Entre-nous les bidons circuleront au vent amer.
Car, je crois, aux joies simples et en la solitude d’une sainte gnôle.
Après, il me semble que le ciel qui s’offre est une blessure béante.
Je vois, en un flash blanc d’acier, le carnage de mon ami tendre.
Je sens à son cou le baiser du barbelé et son odeur de tabac blond.
Ah ! Chantons ! Soldat la patrouille court la végétation folle
Où, il y avait une ravine, profonde et funeste, aux ruines horribles.
Ici, à mesure que la souffrance frappe aux casques des crânes,
En sortant du rêve, blêmissent et transpirent les peaux barbues.
Matin et soir, l’aumônier, son église à son dos, arpentait ce sale pays.
Pourtant, le ciel était frais comme un son de cloche et clair sur nos chairs frêles.
Mais, à la minuit, se logeait au corps la peur des Loups de Berlin.
© Béatrice Pailler
Novembre 2014
Atelier des commémorations de 14-18
Partenariat Ville de Reims et Bernard Weber
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