11 octobre 2014
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Photo J. Dornac
Entendez-vous au jardin détrempé la brise automnale qui sifflote, la bruine qui fredonne ? Sous la flanelle grise des cieux les chemins délaissés frileusement se pelotonnent. Voyez-vous les grands arbres désordonnés, leurs ramures ébouriffées ? Ils s’agitent, elles frissonnent, c’est la nature enjouée qui change de parure, s’effeuille et joliment se pomponne.
La futaie corsetée de cuirs, fauves et bruns, se coiffe, d’incarnat, d’une sanglante couronne. Ses fanfreluches et affiquets se colorent, se teintent, d’or, pour qu’au bal des feuilles dernières, se joue le récital d’automne. Farandoles et rondes folles, dans les senteurs de mousserons et de pommes, l’on entend le vent tout joyeux qui chantonne, provoquant dans un doux froissement la chute des belles désignées, ces feuilles épuisées qui faiblissent et s’abandonnent. Au festival de fin de saison sous la lumière qui rayonne et s’épanche, rehaussant l’éclat des rouges, ravivant la moire de leurs robes miellées, ces rousses madones savent, sans peur se réjouir, sans honte rougir. Mais, les voilà prostrées et dans la soie mordorée d’une révérence profonde, elles s’endorment sourdes au vent qui ronronne.
Ultime offrande qui embaume et nourrit la terre, parmi la grisaille d’un ciel pommelé, les effluves mûrissants, fruits fermentés de leurs corps pourrissants, se mêlent aux nuages monotones. Alors, avec des cieux brouillés de pluie, l’hiver s’invite saluant Déméter seule sans Perséphone. Et sous le vent qui s’époumone, forcit, le jardin dans sa parure flétrie, faite d’or, de cuivre terni, n’espère, ni n’attend plus personne.
© Pailler Béatrice
2014
Mention spéciale du jury en 2014 au concours international de poésie du Salon Orange
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